Analyse: L'enfance et la violence

L’enfance et la violence dans La cité de Dieu de Fernando Meirelles/Kátia Lund et Allah n’est pas obligé de Ahmadou Kourouma   

Thai children play with a toy gun as the
Pornchai Kittiwongsakul/Staff
25 Apr 2011
http://www.gettyimages.com/


Le Brésil et l’Afrique de l’Ouest sont tous deux unis par des conditions de vie semblables : la pauvreté. Au Brésil, les quartiers pauvres sont instaurés en bordure du centre-ville et y logent un très grand nombre de personnes. On appelle ces quartiers les favelas. Les habitants de ces bidonvilles sont confrontés à deux choix, soit exercer un métier en toute légalité et obtenir en échange de leur dur labeur un très maigre salaire qui s’avère insuffisant pour combler les besoins de leur famille, ou bien, pousser leurs enfants à devenir des trafiquants de drogue et gagner suffisamment d’argent pour vivre. La plupart des gens choisissent la deuxième option parce qu’elle est nettement plus rentable bien qu’elle comporte énormément de risques[1]. En Afrique de l’Ouest, les habitants n’ont guère plus de choix. Ils doivent eux aussi souvent choisir la voie de la violence pour survivre. La guerre tribale règne au Liberia et les enfants aspirent à devenir des enfants-soldats parce qu’ils savent qu’ils auront de l’argent en main et qu’ils seront amplement nourris[2]. Le film La cité de Dieu des réalisateurs Fernando Meirelles/Kátia Lund et le roman Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma présentent ces deux situations. La cité de Dieu est un film brésilien qui a été produit en 2002 et qui présente la vie d’une bande de jeunes pratiquant le trafic de drogue dans une favela de la ville de Rio de Janeiro. Le long-métrage a été mis en nomination pour quatre Oscars, dont celui du meilleur réalisateur. Le roman Allah n’est pas obligé (2000) raconte les péripéties d’un jeune garçon nommé Birahima qui, après le décès de sa mère, se met en route pour rejoindre sa tante et qui décide de devenir un enfant-soldat. Ahmadou Kourouma a remporté trois prix en 2000 avec Allah n’est pas obligé. L’analyse qui suit s’appuiera sur ces deux œuvres importantes et abordera le sujet de la violence chez les jeunes en commençant par la présentation des raisons qui incitent les jeunes à la violence. Par la suite, nous aborderons le contexte sociohistorique dans lequel vivent les personnages ainsi que leur niveau d’implication face à la violence. Finalement, nous constaterons que les rapports entre les jeunes et les adultes diffèrent de ceux que nous connaissons généralement.
1. Raisons qui incitent les jeunes à la violence
1.1 Dans La cité de Dieu 
Fusée, le principal protagoniste du film, ne s’implique pas dans la violence parce qu’il est incapable de faire du mal à quelqu’un. Cette section de l’analyse portera donc sur les autres personnages qui entourent Fusée, soit Petit Zé, Carotte et les membres de leurs clans.
Lorsque les deux clans de la favela se sont formés, Petit Zé avait un allié que l’on appelait Béné. Petit Zé et Béné étaient donc les rivaux de Carotte et des membres qui l’accompagnent. Après la mort accidentelle de Béné durant une fête pour souligner son départ de la favela, la violence est de pire en pire parce que ce dernier n’est plus présent pour raisonner Petit Zé et pour l’empêcher de commettre des actes gratuits de violence. Petit Zé devient de plus en plus violent parce qu’il réalise que les filles ne s’intéressent pas à lui. Il est jaloux de Manu Tombeur qui est très populaire auprès de la gent féminine. Il viole donc la copine de Manu Tombeur sous les yeux de ce dernier. Par la suite, la violence monte d’un cran. Manu Tombeur veut venger sa copine et la mort de son frère. Il accepte alors de faire partie du clan de Carotte. À ce moment, la favela se divise complètement en deux et les habitants doivent se ranger du côté de Petit Zé ou de Carotte. La colère gagne la population et la vengeance est le seul mot que les gens ont en tête. Les habitants viennent tour à tour demander à Petit Zé ou à Carotte de les accepter parmi eux en fournissant des motifs un peu douteux en lien avec la vengeance d’un proche. Sans prendre la peine de se questionner si ce que les habitants disent est vrai, on leur fournit une arme et on leur donne le signal de départ. Ce qui était au départ une affaire personnelle entre Petit Zé et Manu Tombeur devient l’affaire de toute la favela. Chacun leur tour, les gens se laissent donc emporter par ce sentiment de colère. Ils en viennent à prendre le conflit au sérieux et cela se transforme en quête de pouvoir. On veut gagner du terrain et être le plus puissant. On réalise que la police n’y peut rien et que de toute façon, elle est corrompue parce qu’elle aide les bandits à se procurer des armes. La favela devient donc un milieu très dangereux. Plus personne n’est à l’abri de la mort parce que tous les bandits deviennent des rivaux. Comme tout le monde pointe son arme sur le premier venu, certains tuent parfois un proche de quelqu’un qui s’avérait être dans le même clan que lui. Petit Zé et Carotte deviennent donc des ennemis.
 On peut remarquer dans le film qu’il y a une forte transition entre la vie de Fusée et le monde dans la favela. On passe constamment d'un à l’autre et la différence est marquante. Lorsqu’on voit Fusée qui travaille pour un journal dans le but de devenir photographe, les plans s’enchaînent à une vitesse normale et la caméra bouge lentement alors que quand on voit ce qui se passe dans la favela, on a du mal à saisir ce qui se déroule parce que les plans s’enchaînent très rapidement et que la caméra bouge rapidement dans tous les sens. À un certain moment, on aperçoit Petit Zé et Noiraud embarquer dans un camion, on fait suivre ces images d’un plan de Fusée qui regarde dans l’objectif de son appareil-photo. On comprend alors que tout ce qu’on voit dans la favela, on le voit à travers l’appareil de Fusée. Puis, afin qu’on n’oublie pas ce détail, certains plans font apparaître le viseur de la caméra de Fusée. On sait donc que Fusée est caché quelque part et qu’il prend des photos. À la fin du film, Fusée n’est plus qu’un observateur. De ce fait, on comprend donc qu’il y a une différence marquante entre les gestes de Petit Zé, de Carotte et de leurs troupes et ceux de Fusée. L’aspect formel du film témoigne de cette divergence en nous montrant que Fusée n’est pas impliqué directement dans la tuerie de par le fait qu’il prend des photos et ne manipule pas d’armes.  
1.2 Dans Allah n’est pas obligé 
En 1980, le sergent-chef Samuel K. Doe envoie ses compagnons assassiner le président Tolbert qui essayait de rétablir la libéralisation au Liberia depuis la mort de Tubman en 1971, c’est-à-dire de faire en sorte que les Américano-Libériens et la population indigène du Liberia soient de part et d’autre égaux et traités de la même manière étant donné que les indigènes se voyaient toujours traités de façon inférieure aux Américano-Libériens. Cinq ans après son coup d’État, Samuel K. Doe est élu président. Par la suite, ce dernier se nomme lui-même général et prend la tête du Conseil de la rédemption du peuple. Il prend possession du pouvoir et de la richesse pour n’en faire bénéficier que les gens de son ethnie d’origine, les Krahns. C’est dans ce contexte que la guerre civile a débuté. On voulait abolir le régime corrompu de Samuel K. Doe. En décembre 1989, Taylor envoya son groupe pour anéantir le pouvoir des Krahn. Peu de temps après, la totalité du pays collaborait à la guerre pour faire entendre la révolte.[3] La guerre tribale au Liberia qui allie les Yacous et les Gyos contre les Guérés et les Krahns pousse les soldats à commettre des atrocités. Cette guerre laisse souvent bon nombre d’enfants orphelins qui ont vu leurs parents se faire tuer. Ces enfants décident alors de s’enrôler parce qu’ils sont dépourvus de repères et de moyens pour survivre : «Quand on n’a pas de père, de mère, de frère, de sœur, de tante, d’oncle, quand on n’a plus rien du tout, le mieux est de devenir un enfant-soldat. Les enfants-soldats, c’est pour ceux qui n’ont plus rien à foutre sur terre et dans le ciel d’Allah.»[4]
Une fois les enfants-soldats enrôlés, on leur donne une tenue de parachutiste, des armes et on leur indique quel est leur titre : capitaine, commandant, colonel ou lieutenant. Le fait de leur attribuer un grade amène les enfants à compétitionner entre eux et à prendre leur rôle de soldats au sérieux. Les enfants-soldats voient comme une récompense le fait de se faire attribuer un grade plus haut qu’un autre soldat. De cette façon, on amène les jeunes à se valoriser en tant que soldats et à leur faire oublier que les gestes qu’ils commettent sont horribles. De plus, la vengeance est aussi une raison qui motive les enfants à devenir des soldats. Lorsque ceux-ci s’aperçoivent à quel point la guerre est cruelle et absurde, ils réalisent d’un même coup qu’ils n’ont pas d’autres choix que d’y participer pour venger leurs proches, mais aussi pour survivre[5]. Dans ce cas, il vaut mieux s’organiser pour avoir une arme en sa possession et être un enfant-soldat devient donc une obligation et non un simple choix. Birahima raconte la mort de la famille de Kik, un enfant-soldat qu’il côtoie, et donc, ce qui a poussé son ami à devenir un petit guerrier:
Kik regagna la concession familiale et trouva son père égorgé, son frère égorgé, sa mère et sa sœur violées et les têtes fracassées. Tous ses parents proches et éloignés morts. Et quand on a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni sœur, et qu’on est petit, un petit mignon dans un pays foutu et barbare où tout le monde s’égorge, que fait-on? Bien sûr on devient un enfant-soldat, un small-soldier, un child-soldier pour manger et pour égorger aussi à son tour ; il n’y a que ça qui reste.[6]
Dans ces paroles de Birahima, on peut sentir la haine qui l’habite à travers les accumulations. Il ne se contente pas de dire que tous les membres de la famille de Kik étaient morts, il prend plutôt le temps de préciser de quelle façon chacun est mort afin de donner le plus de détails possible au lecteur de sorte qu’il comprenne bien le contexte qui représente la situation de Kik. Puis, cette habitude qu’il a de poser des questions juste dans le but de pouvoir y répondre témoigne de l’ironie dont il use tout au long du roman. Cette ironie, il l’utilise pour aborder certains évènements qu’il considère trop absurdes pour être exprimés avec un ton neutre.
1.3 Comparaison des deux œuvres
Il est évident qu’il y a corrélation entre les motivations des jeunes dans les deux œuvres et qu’on peut l’identifier en constatant qu’ils agissent, dans les deux cas, en recourant à la violence dans un contexte de survie. La pauvreté les amène à être violents parce qu’ils doivent trouver à tout prix un moyen pour combler leurs besoins fondamentaux, soit se nourrir et se loger et pour arriver ainsi à survivre. Lorsqu’on baigne totalement dans une situation et qu’il est impossible de s’en échapper, on doit parfois se résigner et agir contre sa volonté première. Les jeunes de la favela dans La cité de Dieu ne sont probablement pas nés avec des instincts de tueurs. Cependant, depuis leur naissance, ils sont témoins de meurtres et voient leurs aînés agir en tant que bandits. Il serait donc difficile pour les enfants de croire que ce mode de vie n’est pas approprié puisque c’est l’exemple qui leur a été le plus souvent fourni. Ils finissent donc par apprendre à vivre avec l’idée qu’il faut appartenir à un clan et qu’il faut être puissant, peu importe ce qui advient du sort des autres. Les enfants, étant éduqués dans la pauvreté et donc automatiquement dans le manque, apprennent rapidement à faire leur place dans la favela et à penser principalement à eux dans le but de survivre. Leur instinct de survie les pousse à agir sans réfléchir et à commettre des gestes de violence. Comme ces jeunes n’ont que leur famille sur qui ils peuvent compter, ils sont incapables de demeurer insensibles lorsqu’un des leurs se fait assassiner sous leurs yeux. En ce qui concerne Birahima, il est victime d’une situation similaire à celle qu’endurent les personnages qui entourent Fusée. La guerre tribale ayant éclaté, certains enfants demeurent orphelins et c’est leur désir de vivre qui les guide avant tout. Ces enfants partent pour la guerre, complètement dévastés, mais surtout inconscients de ce qui les attend. Ils sont prêts à tout pour retrouver un certain équilibre et pour venger leur famille. Ils sont habités par la colère et il ne suffit que de leur mettre une arme entre les mains en leur promettant un toit où loger et de la nourriture pour les faire succomber à la violence à leur tour. Fusée et Birahima ont donc tous deux des motifs de survie pour expliquer le fait qu’ils sombrent dans la violence, mais il faut aussi admettre que le milieu de guerre dans lequel ils vivent depuis leur naissance est une raison amplement suffisante pour motiver leurs gestes. Leur situation est en quelque sorte inévitable.
2. Le contexte sociohistorique dans lequel vivent les personnages ainsi que leur niveau d’implication face à la violence
Image tirée du film (Fusée)
2.1 Dans La cité de Dieu
Fusée est un garçon qui vit dans une favela de Rio de Janeiro depuis sa naissance. Alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années, il était conscient des actes de son frère Canard et était en quelque sorte son complice parce qu’il l’aidait à ce que son père ne soit pas au courant de ses manigances. Petit Dé, un autre enfant, quant à lui, prenait plaisir à être avec les grands et à leur donner des idées. Dès son jeune âge, il ressentait en lui le désir de devenir un bandit, de tuer et de se faire respecter.  À 18 ans, il est devenu le truand le plus recherché et le plus respecté. Il détenait presque tous les points de vente de la favela à force de tuer ceux qui pouvaient lui bloquer le passage.  
Fusée a donc grandi dans cette ambiance en compagnie de ses amis. Cependant, lui ne participait pas directement à la violence, il en était témoin. Fusée est l’ami de tous et sert d’intermédiaire entre les clans. Il ne veut pas vraiment être mêlé à toutes ces histoires. D’ailleurs, l’histoire est racontée par Fusée, ce qui fait en sorte que ce dernier semble toujours à l’extérieur de la situation. Ce qui intéresse Fusée, c’est la photographie. Dès l’âge de 16 ans, il obtient un appareil-photo et est désigné comme photographe. Plus tard, il se fait engager comme photographe par un journal. À partir de ce moment, la vie dans la favela est racontée à travers les photos de Fusée. Par l’entremise de son appareil-photo, le jeune homme réussit à prendre de la distance par rapport aux crimes. À la fin du film, Fusée délaisse ses amis pour se consacrer à son travail. De cette façon, il a moins l’impression d’être complice des actes de violence qui se font dans la favela. Il en vient même à être totalement indifférent face aux meurtres. Son but premier est de rapporter le maximum de photos inédites.
2.2 Dans Allah n’est pas obligé
 Birahima est un jeune garçon de dix ou douze ans qui vit avec sa mère malade. Après avoir cessé de fréquenter l’école sous l’influence des gens qui lui ont dit qu’elle ne servait à rien, il devient un enfant de la rue qui erre d’une place à l’autre entre la maison de sa mère et celle de sa grand-mère. Sa mère est invalide parce que sa jambe droite a été amputée en raison d’un ulcère qui y était logé. Elle souffre énormément et sa situation ne rend pas la vie de Birahima facile et agréable. L’enfant se voit constamment confronté à la douleur de sa mère qui lui prend toute son énergie et qui l'empêche de se consacrer à l’épanouissement de son fils. Après la mort de sa mère, les proches de Birahima décident qu’il vaudrait mieux pour lui d’aller vivre au Liberia auprès de sa tante : «Grand-mère, pour m’encourager, me convaincre de quitter mon beau-père Balla, m’a dit que là-bas, au Liberia, chez ma tante, je mangerais tous les jours du riz avec viande et sauce graine. Moi j’ai été content de partir et j’ai chanté parce que j’avais envie de bien manger du riz avec sauce graine.» [7]
Birahima est alors confié à Yacouba dont la vocation consiste à être «un multiplicateur de billets» et un «féticheur» qui a la responsabilité de conduire l’enfant auprès de sa tante, au Liberia. En d’autres termes, c’est un escroc, voire un voleur qui fabrique et vend des amulettes à un prix nettement supérieur à la valeur de fabrication des objets. Selon ce que le jeune Birahima dit de Yacouba, on ne peut pas penser que cet homme est quelqu’un de fiable et qu’il devrait être en charge d’un enfant : «Un multiplicateur de billets est un marabout à qui on donne une petite poignée d’argent un jour et qui, un autre jour, te rembourse avec plein de billets CFA ou même des dollars américains.»[8] Or, la guerre tribale règne au Liberia. Birahima se laisse entraîner dans cette guerre parce que ce que Yacouba lui avait raconté à propos des enfants-soldats l’avait totalement enchanté :
Des choses merveilleuses. Là-bas, il y avait la guerre tribale. Là-bas, les enfants de la rue comme moi devenaient des enfants-soldats qu’on appelle en pidgin américain d’après mon Harrap’s small-soldiers. Les small-soldiers avaient tout et tout. Ils avaient des kalachnikov. Les kalachnikov, c’est des fusils inventés par un Russe qui tirent sans s’arrêter. Avec les kalachnikov, les enfants-soldats avaient tout et tout. Ils avaient de l’argent, même des dollars américains. Ils avaient des chaussures, des galons, des radios, des casquettes, et même des voitures qu’on appelle aussi des 4 X 4.  J’ai crié Walahé! Walahé! Je voulais partir au Liberia. [9]
Avant leur départ, le choix du petit est donc déjà fait. Lui, qui n’avait l’attention de personne, qui errait dans les rues pour se divertir et qui manquait probablement de nourriture, s’est tout de suite senti interpellé par ce nouveau mode de vie. Il voit en le titre d’enfant-soldat un pouvoir qui lui serait accordé, voire de l’importance. Il s’accroche au désir d’acquérir tant de choses qu’il lui serait impossible d’avoir sans devenir un enfant-soldat. L’énumération qu’il utilise pour énoncer ce qui lui serait possible d’avoir témoigne de son admiration pour l’acquisition des biens matériels. On constate aussi  que le terme «kalachnikov» revient à plusieurs reprises dans ses paroles et donc, qu’il est vraiment accroché à l’idée de pouvoir tenir une arme à feu dans ses mains. Il est impressionné de voir à quel point être en possession d’une arme à feu donne du prestige et du pouvoir, d’autant plus que, comme il le mentionne tout au long du roman, il est tout à fait normal et indispensable qu’il y ait des «kalachnikovs» à portée de main en tout temps durant une guerre tribale. C’est donc dans ce contexte que Birahima a demandé à être un enfant-soldat au colonel Papa le bon.
2.3 Comparaison des deux œuvres
 Il est vrai que Fusée et Birahima vivent dans des milieux semblables puisque la pauvreté et la violence sont au cœur de leur milieu. Cependant, la grande différence qui sépare les deux jeunes hommes, c’est l’implication qu’ils ont face à la violence. Fusée, lui, a décidé de ne pas être un bandit au même titre que la plupart de ses amis. Fusée continue de fréquenter ses amis, même si la plupart sont des bandits, mais lui ne participe pas aux actes de violence parce qu’il a bon cœur et qu’il est incapable de faire du mal à quelqu’un. Un jour, Fusée et son copain prennent le train avec l’objectif de voler de l’argent. Lorsque son ami lui mentionne que l’homme qui s’occupe de faire payer les passagers habite la même favela qu’eux et donc qu’il va les reconnaître, Fusée lui répond que ce n’est pas grave et qu’ils doivent le voler quand même. Une fois face à l’homme, Fusée flanche et décide de ne pas le voler après qu’il ait constaté que l’homme les a reconnus et qu’il s’avère être sympathique. Puis, à leur sortie du train, les jeunes aperçoivent une boulangerie qui ne semble pas être achalandée, alors ils décident d’entrer, toujours dans l’optique de voler. Cependant, une fois encore, Fusée n’est pas capable de voler parce qu’il trouve la serveuse jolie et qu’elle le draguait. Donc, même si Fusée voudrait parfois être comme ses amis, sa conscience et sa bonté l’empêchent de succomber. Quant à Birahima, lui, il est un enfant-soldat et a choisi en quelque sorte de le devenir. Il est impossible de savoir s’il aurait pu choisir un autre mode de vie s’il n’avait pas désiré être un enfant-soldat. Il demeure tout de même qu’il le souhaitait. On peut donc dire qu’il est plus engagé que Fusée en termes de violence.
Les personnages ont tous deux quelque chose de flagrant en commun. Ils semblent toujours ne pas collaborer à ce qui se passe autour d’eux étant donné que ce sont eux les narrateurs. La façon dont ils racontent l’histoire laisse croire qu’ils sont détachés de tout ce qui arrive et qu’ils n’y ont rien à voir alors qu’en réalité, ils sont affectés par la violence qui règne autour d’eux, la preuve c’est que Fusée décide de déménager parce qu’il n’est plus capable de supporter la violence et la guerre qui règnent dans la favela. Ils cherchent seulement un moyen de s’échapper de cette réalité et de prendre du recul face à elle. Dans le cas de Birahima, il choisit l’ironie comme moyen de détachement :
Alors nous en avons tué quelques-uns mais, comme Dieu dit de ne pas trop tuer, de moins tuer, nous avons abandonné, laissé les autres dans l’état dans lequel ils sont arrivés sur terre. Nous les avons laissés nus. C’est ce que Dieu a dit : quand des gens te font trop de mal, tu les tues moins mais tu les laisses dans l’état où ils sont arrivés sur terre.[10]
 Dans Allah n’est pas obligé, Birahima parle en utilisant le pronom «nous», ce qui ne désigne pas précisément de qui il parle : «Certainement nous avons fait des conneries pour que nos protections soient aussi nulles : trois fauchés dès les premières rafales. Et effectivement, après des investigations, on a su que des interdits avaient été transgressés par des enfants-soldats.»[11]  Il est rare qu’il parle au «je» ou bien qu’il dise «moi» et cette façon de s’exprimer porte à croire qu’il n’assume pas ses actes et qu’il essaie de se décharger de toute forme de responsabilité, tout comme Fusée qui se cache derrière son appareil-photo pour être à l’affût des photos sensationnelles et qui conserve une certaine distance entre lui et les actes de violence qu’il a sous les yeux,  évitant ainsi de participer directement à cette tuerie sans fin.
3. Les rapports entre les jeunes et les adultes
3.1 Dans La cité de Dieu
 Au début du film, l’existence du père de Fusée et de son frère Canard est évidente puisqu’on le présente à l’image et qu’il intervient dans la vie de ses enfants. Cependant, après que Canard se soit enfui de la favela, on n’entend plus parler du père. Les jeunes s’organisent entre eux et les adultes n’interviennent pas dans leur cheminement. Les seuls adultes avec lesquels les jeunes entretiennent des rapports sont les policiers et les gens qu’ils volent ou qu’ils tabassent. Rapidement, on constate que ce sont les jeunes qui détiennent le pouvoir de la favela et que les adultes sont relayés au second plan. On constate même qu’à un moment donné, les Minus, un groupe de jeunes bandits, sèment la pagaille dans la favela et qu’ils sont difficiles à arrêter. On en vient à se demander qui sont les adultes et qui sont les enfants. Les adultes semblent n’avoir aucun pouvoir sur les jeunes, ils se font mener par ces derniers. On pourrait penser que c’est parce que les parents délaissent leurs enfants que ceux-ci en viennent à devenir des bandits. Cependant, il faut savoir que les jeunes participent au trafic de drogue pour rapporter de l’argent dans le but d’aider leurs parents à assumer les besoins des membres de la famille.[12] À un moment, on voit Petit Zé qui demande à Filet (un enfant) s’il veut aller faire un tour avec lui et ses amis. Filet ouvre la porte de sa maison et crie à sa mère sans qu’on puisse apercevoir cette dernière : «Maman, je sors avec mes copains.»[13] Puis, il referme la porte sans laisser le temps à sa mère de répondre quoi que ce soit. Il est donc évident que les parents n’ont aucune emprise sur leurs enfants puisque ceux-ci ne ressentent même pas le besoin de demander une permission à leurs parents. Comme on peut le voir dans le film, ce sont les jeunes qui gèrent tout dans la favela, et ce, au service de leur famille. On peut donc déduire qu’ils abusent en quelque sorte de cette position de supériorité en se croyant tout permis, sachant que leurs parents n’oseront pas les contrarier puisque la survie de la famille dépend entièrement d’eux. De plus, ils se considèrent eux-mêmes comme des adultes. Quand Steak, un enfant âgé d’environ une dizaine d’années, est envoyé chez Carotte par Petit Zé pour transmettre un message, Manu Tombeur lui dit qu’il ne devrait pas faire ce qu’il fait parce qu’il est encore un enfant et qu’il va bousiller sa vie s’il continue. L’enfant répond : «Un enfant? Je fume, je sniffe. J’ai déjà tué et braqué. Je suis un homme.»[14]
3.2 Dans Allah n’est pas obligé
 Birahima est un enfant orphelin. Après la mort de sa mère, il est confié à Yacouba qui devient donc en charge de lui et qui doit l’amener à la maison de sa tante. Cependant, à certains moments, on se demande si Yacouba est toujours auprès de l’enfant puisqu’il peut y avoir de longs passages sans qu’on n’entende parler de lui. Comme Birahima et Yacouba passent leur temps à voyager d’un endroit à un autre et à changer constamment de camp, on peut parfois se demander s’ils partent toujours ensemble ou bien s’il arrive qu’ils se séparent. Dans ces moments de déménagement, on finit toujours par savoir qu’ils sont encore ensemble étant donné que Yacouba précise aux commandants qu’il ne partira pas sans Birahima et que l’enfant doit absolument l’accompagner. Cependant, on ne peut pas vraiment voir leur relation comme une relation père-fils puisque Birahima ne semble pas percevoir Yacouba comme une autorité parentale, mais plutôt comme un ami qui, au même titre que lui, est un enfant. C’est seulement parce qu’on mentionne au début du roman que Yacouba est un adulte qu’on peut y croire parce que mise à part cette information, leurs agissements laissent croire qu’ils sont tous deux des enfants-soldats. Par contre, une autre personne pourrait représenter une figure parentale pour l’enfant. Birahima fait souvent allusion au colonel Papa le bon comme étant en quelque sorte un père pour lui : «Un enfant-soldat en arme a voulu me faire ravaler mes sanglots. Le colonel Papa le bon s’est opposé; il est venu me caresser la tête comme un vrai père. J’étais content et fier comme un champion de lutte sénégalaise. J’ai arrêté de pleurer.» [15] On sent que Birahima voudrait pouvoir faire confiance à quelqu’un, à un adulte, parce que même s’il se donne l’air invincible, il demeure un enfant. La plupart du temps, il découvre quelque chose qui le déçoit, comme avec le colonel Papa le bon. En effet, on découvre qu’il prend parfois du whisky avant d’aller dans son lit et, dans ces moments, il devient agressif et ne se rend plus compte de ce qu’il fait. Ainsi, un soir, alors qu’il se rend dans la prison, seul et ivre, il menace les prisonniers de les tuer et il tire des coups de fusil dans les airs.
3.3 Comparaison des deux œuvres
Comme on peut le constater dans les deux œuvres, l’existence des relations entre adultes et enfants n’est pas très conventionnelle, c’est-à-dire que les enfants semblent se comporter comme des adultes, sans nécessiter l’avis de leurs parents. Dans La cité de Dieu, on voit les parents parce que Fusée et les autres ne sont encore que des enfants. Cependant, une fois que les jeunes atteignent l’adolescence, on cesse complètement de les voir dans le film. Pourtant, les favelas n’abritent pas seulement des jeunes, mais des familles complètes. Parmi ces gens, il y en a aussi qui ne vivent pas du trafic de drogues, mais qui ont choisi de gagner leur vie en faisant un travail légal.[16] Fernando Meirelles et Kátia Lund ont choisi de ne montrer qu’une partie de ce qui se passe dans la favela pour mettre l’accent sur la violence plus que présente dans ces quartiers défavorisés. Ils ont, entre autres, décidé de montrer très peu le monde des adultes qui se résume à deux options, la première étant de demeurer à la maison pour s’occuper de l’habitation et des jeunes enfants, la deuxième étant de travailler. Cependant, même si cet aspect n’est pas démontré dans le film, les adultes participent eux aussi au trafic de drogues parce que dès leur enfance, ils ont appris à exercer ce métier et que pour la plupart, c’est leur seule chance de survivre. Alors, même s’ils ont atteint l’âge adulte et qu’ils ont des enfants, ils continuent tout de même de vendre de la drogue. À la naissance, les enfants sont trop jeunes pour le faire et donc, les parents doivent s’en charger. Dans le cas de Allah n’est pas obligé, l’auteur a aussi fait un choix. Bien sûr, son but premier était de présenter la vie des enfants-soldats. Toutefois, il aurait tout aussi bien pu présenter l’envers de la médaille qui s’avère être la vie des parents de ces enfants qui partent pour la guerre. Ahmadou Kourouma ne nous décrit pas comment vivent les parents pendant que leurs enfants manient les armes. Certains enfants deviennent des soldats parce que leurs parents ont été tués pendant la guerre, mais d’autres au contraire sont à la recherche de leurs tuteurs. C’est cette partie qui ne nous est pas présentée dans le roman, celle des parents qui attendent leurs enfants et qui sont conscients qu’ils sont en danger et qu’ils ne reviendront peut-être jamais. Donc, on pourrait dire que le contexte du roman, la guerre tribale, qui met les enfants-soldats au cœur de l’histoire, ne permet pas de présenter la situation des membres de la famille de ces enfants. De plus, il faut aussi dire que le roman cherche à présenter la guerre d’une façon crue en utilisant l’ironie de Birahima et que si on présentait les sentiments des protagonistes, l’approche serait différente et l’absurdité de la guerre ne serait pas autant mise de l’avant.
En conclusion, il va de soi de dire qu’il y a plusieurs aspects qui unissent les personnages dans La cité de Dieu et ceux dans Allah n’est pas obligé bien que les contextes historiques auxquels ils appartiennent soient différents. Premièrement, les protagonistes des deux œuvres vivent dans un milieu défavorisé. Dans les deux cas, la pauvreté les pousse à la violence parce que c’est la seule voie possible qui leur est offerte pour s’en sortir. Cependant, Fusée et Birahima ont un parcours différent sur un point en particulier, celui de leur implication dans la violence. Fusée ne fait pas partie de ceux qui sont appelés les bandits. Dès son jeune âge, il tente d’agir en criminel, mais il réalise qu’il n’est même pas capable de voler. Il se découvre une passion pour la photographie et il n’est plus capable d’en démordre. D’ailleurs, c’est probablement ce qui le distingue de ses amis, il perçoit son avenir ailleurs que dans la favela à exécuter un travail qui le passionne. Contrairement à Birahima, Fusée ne commet pas d’actes de violence. Dès que la favela entre en guerre, il fuit dans l’espoir de se trouver un travail dans le domaine qui l’intéresse. Les personnages n’entretiennent pas de relations saines et stables avec des adultes. Ils sont laissés à eux-mêmes, parfois orphelins, parfois en quête d’un tuteur et doivent mener leur combat sans autorité parentale. Cependant, Birahima a tout de même une longueur d’avance sur Fusée puisqu’il a Yacouba qui lui tient compagnie et qui lui permet parfois d’obtenir quelques avantages sur les autres enfants-soldats étant donné que les «féticheurs» sont très populaires. Les jeunes habitants de la favela et les enfants-soldats du Liberia sont motivés à être violents à cause du désir de survie et de vengeance qui les habite, d’autant plus que leur milieu de vie est très favorable à la brutalité.
Après avoir constaté l’avenir de deux jeunes personnes qui ont grandi dans un endroit où presque tous les résidents ont une arme à feu en leur possession, il est normal de se questionner sur les voies de sorties qui leur sont offertes. Fusée a réussi à échapper à la vie de bandit parce qu’il était habité par une passion et qu’il préférait s’y adonner. Aurait-on tord te croire que cet avenir n’est pas accessible à qui le veut bien? Comment peut-on échapper à une situation pareille quand même les autorités policières sont corrompues? Quant aux enfants-soldats du Liberia, quel autre choix s’offre à eux  à part celui de devenir soldat lorsqu’ils se retrouvent sans parent et donc sans ressource au beau milieu d’une guerre tribale? Y a-t-il vraiment une issue possible à ces deux situations ou bien est-ce des cercles vicieux sans fin?

Médiagraphie

Œuvres à l’étude
·         MEIRELLES, F., K., LUND, La cité de Dieu, (cinéma), Miramax, Brésil, 2003, 2 h. 9 min.
·         KOUROUMA, A., Allah n’est pas obligé, Éditions du Seuil, Paris, 2000, 222 p.
Périodiques
·         DE MONTIGNY, C., «Enfants au combat : génocide de l’enfance?», Criminologie, volume 39, numéro 2, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2006, p.77-95. Consulté sur Érudit le 5 février 2011.
·         NDIAYE, C., «La mémoire discursive dans Allah n’est pas obligé ou la poétique de l’explication du «blablabla» de Birahima», Études françaises, volume 42, numéro 3, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2006, p.77-96. Consulté sur Érudit le 5 février 2011.
·         GUSSOW, M., «Fernando Meirelles: Le second soufflé de Cité de Dieu», Le Soleil, Québec, février 2004, p.B1. Consulté sur Eureka le 3 mars 2011.
·         CARIGNAN, G., «" La Cité de Dieu " Les affranchis de la favela», Le Soleil, Québec, février 2003, p. G.3. Consulté sur Euréka le 6 mars 2011.
·         GALY, M., «Libéria, machine perverse. Anthropologie politique du conflit libérien», Cahiers d’études africaines, volume 38, numéro 150-152, [s.l.], 1998,  p.533 à 553. Consulté sur Persée le 15 février 2011.
·         FILHO, A., E., LOBATO, «Brésil- Les favelas sous la loi des milices», Courrier international, Paris, 19 juin 2008, n.p. Consulté sur Euréka le 24 janvier 2011.
·         DE STAAL, G., «Forces armées contre favelas», Le Monde diplomatique, Paris, janvier 1995, p.25. Consulté sur Repère le 24 janvier 2011.
·         ROSSEL & CIE S.A., «La dictature de la délinquance», Le soir, Bruxelles, 6 mars 2007, p.19. consulté sur Euréka le 7 février 2011.
·         CARASCO, A., «Dossier. Enfants-soldats», La croix, France, 11 février 2005, p. 3. Consulté sur Euréka le 5 février 2011.
Documentaire

  • LUND, K., J., MOREIRA SALLES, News from a personal war, (cinéma), Miramax, Brésil, s.d., 56 min. 38 sec.
Volumes

·         CLAVAL, P., Le Brésil, coll. «Idées reçues», Paris, Le Cavalier Bleu, 2009, 128 p. (pages consultées : 75 à 86)
·         ST. LOUIS, R., et al., Brésil, Paris, Lonely Planet, 2005, 764 p.
·         KREBS, B., et al., Brésil, Paris, Guides Gallimard, 2008, 383 p.

Sites Internet
·         MPOND-DICKA, Patrick. «Cadrage.net»,  Fernando Meirelles trop virtuose ?, [En ligne], 2003, [s.l.] [http://www.cadrage.net/films/citedieu/cite_de_dieu.html] (3 mars 2011) Consulté sur Panorama-cinéma.
·         CHEMIN, Nicolas. «Objectif Cinéma», La cité de Dieu de Fernando Meirelles, [En ligne], 2000, Paris et Nantes, Click Busters  [http://www.objectif-cinema.com/pointsdevue/0585.php] (3 mars 2011)
·         LEPOIVRE, Marc. «Objectif Cinéma», La cité de Dieu de Fernando Meirelles, [En ligne], 2000, Paris et Nantes, Click Busters, [http://www.objectif-cinema.com/pointsdevue/0568.php] (3 mars 2011)
·         HOLDEN, Stephen, «Movie Review Query Engine (MRQE)», FILM REVIEW; Boys Soldiering in an Army of Crime, [En ligne], 1993, Canada, [http://movies.nytimes.com/movie/review?res=9507E0D71E31F934A25752C0A9659C8B63] (3 mars 2011)
·         LECLERC, Jacques, «L’aménagement linguistique dans le monde», Liberia, [En ligne], 2010, Québec, Université Laval, [http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/liberia.htm] (3 mars 2011)


[1] K. LUND et al., News from a personal war, 4 min. 40 sec.
[2] A. CARASCO, Dossier. Enfants-soldats.,  p. 3.
[3] J. LECLERC, L’aménagement linguistique dans le monde : L’Afrique (Liberia), n.p.
[4] A., KOUROUMA, Allah n’est pas obligé, p.119.
[5] C. DE MONTIGNY, Enfants au combat : génocide de l’enfance?,  p.3.
[6] A., KOUROUMA, op. cit., p.94-95.
[7]Id, op. cit., p. 33.
[8]Id, op. cit., p.36.
[9]Id, op. cit.,  p.41-42.
[10]Id, op. cit., p.62.
[11] Id, op. cit., p.114.
[12] K. LUND et al., op. cit., 4 min. 40 sec.
[13] F., MEIRELLES, La cité de Dieu, 59 min. 43 sec.
[14] Ibid, 1h 30 min.
[15] A., KOUROUMA, op. cit., p. 58.
[16]K. LUND et al., op. cit., 21 min, 58 sec.